Télétravail en 2023, une nouvelle conception du monde du travail ? Les notions de “full remote”, de “travail hybride” et de “télétravail partiel” ont le vent en poupe. Mais le télétravail permet-il l’épanouissement de chaque salarié et une bonne compréhension de sa mission ? Dans cet article, nous faisons le point sur l’impact et les tendances actuelles liées au télétravail.
Les facteurs d’évolution du télétravail
COVID-19 : l’essor du télétravail
L’épidémie mondiale de la COVID-19 en 2020 a totalement transformé notre façon d’appréhender le travail. Dans la majeure partie des pays du monde, cette crise sanitaire a redistribué les cartes et accéléré le recours au télétravail. Les sphères personnelles et professionnelles se sont entremêlées, non sans difficulté. Les entreprises qui en avaient la possibilité ont dû s’adapter pour faire face aux nouvelles attentes de leurs salariés.
Une enquête de la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques) révèle que 27 % des salariés actuels télétravaillent deux jours par semaine. Le télétravail, occasionnel durant le premier confinement, s’est généralisé. A-t-il de beaux jours devant lui ? Augmentation de la motivation, réduction du stress, hausse de l’autonomie et de la productivité : les bienfaits du télétravail sont aujourd’hui reconnus.
De nombreuses entreprises à travers le monde pratiquent le télétravail, parfois même depuis longtemps. Microsoft France, qui a lancé l’initiative depuis plusieurs années, a récemment développé des outils internes pour faciliter la communication de ses collaborateurs. Le groupe international The Coca-Cola Company propose quant à lui 4 jours de télétravail par semaine à ses salariés. Autre exemple chez Boursorama, où le modèle du 100 % télétravail est totalement adopté.
L’impact du télétravail sur l’engagement et la croissance
La dématérialisation de certaines activités et l’essor des métiers liés au digital ont rendu possible le télétravail. Pourtant, il génère parfois des perturbations internes sur les pratiques managériales et habitudes de travail bien ancrées.
Le télétravail semble également peser sur la sphère privée, et notamment sur la santé mentale des salariés. Les changements provoqués par cette nouvelle organisation du travail ont particulièrement pesé sur les femmes.
En 2021, une étude menée auprès de plus de 2000 salariés par le Boston Consulting Group (BCG) dévoile notamment le déséquilibre entre les hommes et les femmes :
- 66 % des femmes déclarent être en situation d’anxiété, contre 50 % des hommes ;
- Les femmes sont 1,3 fois moins nombreuses à disposer d’un espace isolé pour télétravailler ;
- Rôle de mère, disponibilité, répartition des tâches : les femmes restent confrontées à des injonctions sociales très fortes.
Des inégalités face au télétravail
Tous les salariés ne peuvent pas télétravailler. La pratique du télétravail diffère en fonction des catégories socioprofessionnelles. En septembre 2020, 53 % des salariés cadres étaient télétravailleurs (source corporate.apec.fr). Certains employés et ouvriers n’ont quant à eux pas d’autre choix que de se rendre sur leur lieu de travail pour exercer leur métier.
L’Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE) estime que sur les 27 millions d’emplois en France métropolitaine, 18 millions ne sont pas compatibles avec le télétravail.
On retrouve également des disparités entre les entreprises en 2022 :
- 72 % de télétravail dans les grands groupes ;
- 44 % de télétravail dans les PME ;
- 34 % de télétravail dans les TPE.
Plus d’⅓ des entreprises déclarent rencontrer des difficultés à concilier le présentiel et le télétravail. Et régionalement ? L’Île-de-France est la région française qui pratique le plus le télétravail. Elle concentre 2 à 3 fois plus de télétravailleurs que les autres régions (source oodrive.com).
Les tendances actuelles du télétravail
Une vague de désengagement
Connaissez-vous le terme de “Quiet Quitting”, ou démission silencieuse ? Le principe est de faire le strict minimum, de travailler le moins possible pour garder son emploi. L’un des principaux inconvénients du télétravail est qu’il a tendance à isoler les salariés et à les démotiver. Aujourd’hui, il est nécessaire de renforcer le sentiment d’appartenance des salariés et l’engagement collectif. Le but est d’éviter une déconnexion avec les valeurs de l’entreprise. Chaque organisation va devoir revoir son fonctionnement en incluant les préoccupations actuelles de ses salariés.
Vers un travail hybride généralisé ?
Le “full remote” (le mode “100 % télétravail”) est apparu massivement dans les nouvelles offres d’emploi. Il permet de travailler et de communiquer à distance, que vous soyez à l’autre bout du monde ou sur la terrasse de votre jardin. Les nouveaux réseaux de communication professionnelle (comme Zoom et Slack) et les outils collaboratifs (comme Trello ou Airtable) facilitent grandement les échanges. Nous n’y pensons pas instinctivement, mais le télétravail facilite aussi le recrutement. Les entreprises n’ont plus besoin de se limiter à une zone géographique pour recruter de nouveaux talents. L’entreprise Fizzer, qui propose la création de cartes postales personnalisées, est d’ailleurs l’une des pionnières du full remote en France. Elle mise exclusivement sur le télétravail, et ce, depuis 2016. Autre atout du télétravail pour les salariés : ne plus perdre de temps, d’argent et d’énergie dans les transports journaliers.
Nous l’avons vu, la crise de la COVID-19 est l’élément déclencheur qui a profondément impacté notre rapport au travail. Finalement, le télétravail est une opportunité pour les entreprises de repenser la relation avec leurs salariés, d’opérer une transition et d’identifier de nouveaux leviers de croissance. De leur côté, les salariés souhaitent donner du sens à leur métier et s’accomplir pleinement. L’épanouissement entre la vie professionnelle et la vie personnelle est l’enjeu RH de demain.