Caroline Kealezy, communicante canadienne internationalement reconnue, a répondu à la question que tout le monde se pose : l’engagement des collaborateurs et les mécanismes de communication interne dans le secteur public sont-ils différents par rapport au secteur privé ? Et sa réponse est sans appel : indéniablement, oui. En voici les deux raisons principales :
1. Une inégalité des ressources
Les entreprises privées reconnaissent de plus en plus la communication interne comme une fonction stratégique, et l’engagement des collaborateurs comme un fondement de leur performance. Que l’on veuille générer des ventes, retenir l’attention des clients, innover, etc. : ces nécessités commerciales reposent sur la manière dons les personnes collaborent et partagent l’information.
L’engagement des collaborateurs s’est donc imposé comme un élément clé au niveau commercial. Et c’est bien pour cette raison commerciale que la communication interne dispose aujourd’hui de plus de ressources humaines et financières dans le privé que dans le public.
C’est pourquoi les organismes publics ont pris du retard, ne disposant pas encore systématiquement de plateforme vraiment efficace pour susciter de l’engagement en interne. En effet, la communication interne y est encore considérée comme le parent pauvre de la communication externe. Et c’est ainsi que se met en place un malheureux cercle vicieux : les organismes publics ne reconnaissant pas la valeur de l’engagement des collaborateurs, ils n’accordent pas à la communication interne les ressources nécessaires. Elle n’a donc pas les moyens d’améliorer ses performances et de montrer sa valeur. Le manque de ressources et l’absence de performance s’auto-alimentent !
2. Un décalage dans la cohérence stratégique
La principale différence entre les secteurs public et privé réside dans la cohérence existant en interne par rapport à une stratégie globale.
Dans le secteur privé, l’alignement des différents pôles de l’entreprise avec les orientations stratégiques de l’entreprise s’opère tout naturellement, car l’objectif commun à toutes les équipes est de générer du profit. En effet, quel que soit le secteur d’activité, tout est affaire d’argent, ce qui crée un sens des priorités très simple.
Ce principe d’alignement stratégique n’est pas aussi simple et naturel dans les secteurs public et parapublic, comme dans les organismes à but non lucratif ou les associations. En effet, ces organisations ont tendance à subir des conflits en interne, créant un effet de tiraillements de toutes parts, avec des décisions changeantes et des priorités définies au niveau politique. De ces incohérences découlent un manque général de clarté, d’orientation stratégique clairement définie, d’autant plus que ces organisations sont souvent organisées en silos et se retrouvent paralysées lorsqu’existent des divergences d’opinions sur la direction à prendre.
A noter que les organismes les mieux financés sont parfois ceux qui ont le plus de difficultés à adopter une cohérence en interne : n’étant pas soumis à une pression financière, ils n’ont jamais eu à prendre de décision stratégique difficile, le genre de décision qui oblige à choisir une orientation tranchée.
Bref, le tiraillement crée la nécessité d’une communication interne forte. Mais ce besoin n’est pas toujours identifié par le top management, qui n’a pas forcément conscience de l’infobésité ni des décisions contradictoires prises au sein des organisations.